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Regain d'intérêt pour l'orge brassicole en Wallonie

Message par TiLoup »

30 ans après son premier essai, Jean-Luc a replanté de l'orge de brasserie: "Il est difficile de dire si d'autres agriculteurs vont s'y mettre"
Article paru le 22 septembre dans La Libre Belgique, par Isabelle Lemaire.

Il avait tenté l’expérience à la fin des années 80 puis dans les années 90 mais l’avait finalement abandonnée, comme tant d’autres cultivateurs wallons. “On était payés au prix mondial et ce n’était pas rémunérateur, d’autant que les rendements étaient moindres que ceux de l’orge d’hiver.” Ce printemps, il y est revenu.

Jean-Luc Dewez, cultivateur de blé, d’orge d’hiver, de betteraves sucrières et de petits pois à Éghezée (province de Namur), a décidé de semer cinq hectares d’orge brassicole, de la variété Planet, peu sensible aux maladies. Au cœur de l’été, il a récolté 34,5 tonnes de cette céréale qui, une fois germée et séchée, deviendra du malt, un des ingrédients de la bière.

Une culture qui n’est pas si simple. “Cela ne se cultive pas du jour au lendemain. Pour être acceptée en brasserie, l’orge ne doit pas avoir une teneur en protéines trop élevée (idéalement entre 10 et 11 %, NdlR) . On doit donc mettre moins d’engrais azotés sur le champ et il ne faut pas la planter après des légumineuses, qui fixent l’azote de l’air dans le sol” , explique l’agriculteur.

Si Jean-Luc Dewez a retenté cette année l’aventure de l’orge brassicole, c’est grâce à son goût pour les bières spéciales. “L’agronome qui s’occupait de l’association Promotion de l’orge de brasserie (POB) m’a proposé d’être membre du jury d’un concours de bières wallonnes. J’ai accepté et, à la remise des prix, j’ai interpellé René Collin (le ministre wallon de l’Agriculture, NdlR) sur le peu de promotion qu’on fait autour de l’orge brassicole. Nos bières sont des fleurons mais les agriculteurs qui cultivent l’orge cherchent des débouchés pour la vendre. Trois mois plus tard, le ministre m’a recontacté pour voir ce qu’on pourrait faire” , raconte-t-il.

La suite, c’est la naissance, l’an dernier, du plan stratégique wallon pour la filière de l’orge de brasserie (lire ci-dessous). Et la nomination de Jean-Luc Dewez comme président de POB.

L’agriculteur namurois travaille donc désormais activement à convaincre les cultivateurs, les négociants/stockeurs, les malteurs et les brasseurs wallons de produire cette céréale et de l’acheter, à un prix rémunérateur pour les producteurs, sur le marché local.

“Pour l’instant, du côté des agriculteurs, et même s’ils semblent intéressés, il est difficile de dire s’ils vont s’y mettre. Tout dépendra du tonnage demandé par les brasseurs” , signale Jean-Luc Dewez.

Sa récolte 2018, il l’a vendue à un négociant qui a participé aux réunions préparatoires au plan stratégique. Mais Jean-Luc Dewez ne sait pas du tout dans quelle malterie ni dans quelle brasserie elle a atterri.

Un plan stratégique wallon pour redynamiser la filière de l’orge brassicole

Depuis l’an 2000, on constate une baisse importante de l’intérêt des agriculteurs wallons pour la culture d’orge brassicole. En 2017, selon les chiffres du Collège des producteurs, seuls quelques dizaines d’entre eux en avaient semé, sur une superficie totale qui représentait moins de 1 % des cultures d’orge, alors qu’on atteignait encore une dizaine de pourcents dans les années 2000.

Entre 2000 et 2015, les surfaces d’orge de brasserie ont chuté de 92 %. La production belge, en 2015, n’était que de 1,7 million de tonnes, dont la presque totalité venait de Wallonie. Anecdotique si on la compare à la production mondiale : 33 millions de tonnes en 2016.

Dans le même temps, le nombre de petites brasseries en Belgique ne cesse d’augmenter. Elles doivent donc majoritairement s’approvisionner à l’étranger, en France, Allemagne, Angleterre et au Danemark.

Alors, la Région wallonne a élaboré en 2017 un plan stratégique pour développer la filière de l’orge brassicole. A l’horizon 2019, il vise à doubler la superficie cultivée, qui passerait à environ 400 hectares, tout en veillant à ce que les agriculteurs soient payés à un juste prix.

Le Collège des producteurs a sondé les petits brasseurs. Il en ressort que leur intérêt pour un approvisionnement local représenterait plus ou moins l’équivalent de 615 hectares de cultures. Un marché est donc ouvert aux agriculteurs wallons.

A plus long terme, la Région ambitionne que tous les brasseurs wallons se fournissent, au moins en partie, en circuit court. Il faudrait alors retrouver les niveaux de production de l’an 2000, soit de 15 à 20 000 tonnes d’orge, cultivée sur une surface de 3000 hectares.
Isabelle Lemaire


P.S.: Il s'agit d'un copier/coller d'un article de presse dont le contenu est réservé aux abonnés du journal. J'espère ne pas commettre un impair en le diffusant sur ce forum. Si oui, que la modération n'hésite pas à le supprimer.

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